ARCHIVE - ARTICLE ECRIT EN JANVIER 2012
"Votre peur va les réveiller"
A l'origine de films comme "Rec", "Le labyrinthe de Pan" ou encore "L'orphelinat", l'Espagne est une source intarissable de petites pépites en matière de film d'épouvante, tantôt fantastique, tantôt d'horreur. Juan Carlos Fresnadillo, à qui l'ont doit déjà "28 semaines plus tard", ne déroge pas à la règle avec "Intruders", un thriller aussi captivant et terrifiant que redoutable d'imagination.
Evoquant le mythe du croque-mitaine caché dans le placard, le réalisateur ajoute à son scénario une nouvelle dimension en transposant son récit dans deux univers distincts (l'un à Londres et l'autre à Madrid) mais où les mêmes phénomènes se produisent. Il fait de cette subtilité dans l'histoire un prétexte idéal pour faire réfléchir le spectateur qui durant près de 90 minutes de film n'aura de cesse de chercher ce qui peut bien lier ce petit espagnol et cette petite anglaise, hantés par le même "monstre". Ayant moi-même tenté de percer le mystère, et ce malgré bien des idées, parfois très imaginatives, je dois avouer mon étonnement quant au twist final, qui m'as surpris au moins autant que le twist final de "6ème sens".
L'univers du film, transposé dans ces deux réalités géographiquement éloignées, installe assez rapidement un climat de terreur. L'action et l'intrigue se mettent très vite en place, mêlant astucieusement rêve, réalité et hallucinations, faisant avancer parallèlement l'histoire de Juan en Espagne, et celle de Mia en Angleterre. Etrangeté de l'histoire, c'est au fur et à mesure que les enfants écrivent un conte, vraisemblablement le même conte, que les événements semblent se produire, comme si les enfants eux-mêmes créaient leur monstre au fil de film. Mais la peur finit par atteindre son paroxysme lorsque l'un des parents eux-mêmes, Luisa d'un coté, John de l'autre, semblent être témoins des visions d'horreurs de leurs enfants respectifs. Entre réalité et cauchemar, les personnages eux-mêmes flirtent avec la folie, tentant d'échapper à cette hôte malveillant la nuit, et cherchant une explication rationnelle le jour.
Dans "Intruders", qui a reçu le prix de la critique internationale du Festival 2011 du film de Toronto, c'est à l'interprétation des jeunes acteurs que va tout le mérite. Izán Corchero d'abord, qui joue le jeune Juan, et dont c'est ici la première apparition au cinéma. Mais surtout Ella Purnell, qui tient le rôle de Mia et qui nous attire et nous plonge dans sa peur et sa courageuse envie de vaincre cette présence malveillante. Pour les chaperonner, Clive Owen, à qui l'on doit notamment le rôle principal dans "Le roi Arthur", tient un rôle central dans cette aventure et donne à son personnage à la fois toute la lucidité et le bon sens nécessaire pour tirer sa fille des griffes de ce monstre "imaginaire" qui ne tardera pas à entrer dans sa propre réalité.
Véritable trésor d'imagination, "Intruders" est à classer dans ces films qui ont le don de triturer notre matière grise, pour finalement nous étonner malgré tous ces efforts concédés à chercher soi-même la solution. Avec ces deux histoires dans un même film, le réalisateur parvient à brouiller les pistes, sans jamais nous laisser relâcher l'attention (ni la tension, d'ailleurs).
Ma note: 8/10 Très bien
En résumé: "Un thriller d'épouvante où la réflexion se mêle à l'angoisse avec ingéniosité"
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